Il y a un trait qu’il est essentiel de développer chez nos enfants.

La chronique de Caroline Goldman

Il y a quelque chose que les psychologues n’abordent pas au cours de leurs études parce que ces dernières ont pour visée de soulager les souffrances de leurs futurs patients. Je ne vais pas vous parler de l’une de ces souffrances, aujourd’hui. Je vais évoquer une considération « de confort » absente des manuels de psychologie, et de surcroît, dans une visée que l’on pourrait qualifier de « préventive ». Il s’agit de l’importance de déployer un trait en particulier chez vos enfants… celui d’être sympa !
Pourquoi cette idée ? Parce qu’en vieillissant, je suis frappée de voir combien, d’une part, la vie des gens sympas est plus simple, paisible et nourrissante que celle des autres, de la crèche à la maison de retraite. Mais aussi combien ce trait propulse également les réalisations socio-professionnelles. Il me semble en effet assez clair que les personnalités altruistes et chaleureuses supplantent les destins des autres. À compétences techniques égales, nous pouvons tous observer qu’un employeur ou un collaborateur choisira plus volontiers un collègue souriant, intéressé par le sort des autres, soucieux de décongestionner les tensions et prêt à partager un fou-rire. Ce paramètre de la personnalité finit donc par être fondamental pour être choisi, mais aussi pour suggérer des invitations et des alliances, qui constitueront autant de tremplins de réalisation…
Cela signifie que former les enfants à devenir de bons élèves et de bons étudiants ne suffira pas à les mener vers la pleine réalisation de leur potentiel. Que pour cela, il faudra en faire des êtres socio-relationnels capables d’être attentifs aux autres et généreux.
Comment rend-on un enfant sympa ?
Je vois trois ingrédients principaux à cette recette :
 D’abord, évidemment, être sympa avec lui… et entre vous. je vous l’ai glissé hier : l’enfant est un buvard. Il s’identifie aux personnalités de ceux qui l’éduquent, à leur rapport au monde, et sera par conséquent, a priori, plus à l’aise socialement si ses parents ont eux-mêmes des amis, le sens de l’accueil, du rire et du partage.
 Ensuite, Je suis convaincue que tous les enfants naissent avec des capacités d’empathie, mais aussi que bien d’autres instincts sont susceptibles de venir les ensevelir (je pense par exemple à l’égoïsme et à la jalousie). Or, il me semble qu’éduquer un enfant, consiste précisément à lui permettre le déploiement de ses qualités et de ne pas se laisser dominer par ses défauts.
Donc je pense pertinent, d’une part, d’encourager sa gentillesse et de le sensibiliser au bonheur de rendre heureux. Par des phrases du type : « embrasse ta sœur et dis-lui ta joie de la voir aussi contente de son cadeau », félicite ton ami pour sa réussite », « demande au monsieur comment il va et s’il a besoin d’aide », « propose de servir les invités », « trouve une idée de cadeau pour maman », etc.
 Et d’autre part, de court-circuiter l’expression brute de son agressivité. Par exemple lorsqu’il crie à table, râle pour rien, impose sa mauvaise humeur, n’écoute pas ce qu’on lui dit, est mauvais joueur, emprunte un ton trop familier ou méprisant, impose des reproches injustifiés ou des sollicitations harcelantes d’achats, se victimise, etc… En tardant trop à contenir ces manifestations agressives, vous prenez le risque que vos enfants les transportent à l’extérieur, avec le risque d’impopularité qui y sera associé.
Un adulte sympa a donc le plus souvent été un enfant sympa. Et les coulisses de sa fabrication ont souvent accueilli les mots : amour, joie, empathie et limites éducatives. Qui sont aussi plus largement les ingrédients phares du bonheur.